IGF1 LR3
« Oui, nous avons des experts en face de nous ! » Constat alarmant de Pierre Sallet, chercheur spécialisé dans la lutte anti-dopage, au sujet de l’IGF1 LR3.
Victor Conte, créateur du fameux laboratoire Balco et principal fournisseur d’athlètes en stéroïdes anabolisants au début des années 2000, garde une connaissance du monde du dopage. Pour lui, la référence actuelle du produit dopant, c’est l’IGF1 LR3, une forme d’hormone de croissance.
Naturellement, l’IGF1 est une hormone secrétée par le foie, grâce à la stimulation de ce dernier par l’hormone de croissance. On dit que l’IGF1 a un effet beaucoup plus important sur les facteurs de croissance que l’hormone de croissance elle-même. Pourquoi ? Parce qu’elle est directement en relation avec la croissance du tissu. Le tricheur et son entourage l’ont vite compris …
L’achat est facile sur internet, une cure de 40 jours coûte 240 dollars. “Le dopage n’est pas cher mais qu’achète-t-on réellement à ce prix là ? Les produits peuvent être coupés avec n’importe quoi. Les concentrations sont parfois erronées “. Le chercheur avoue encore : « Il y a une vraie concurrence entre les laboratoires russes, chinois, indiens. Et la tendance actuelle est à l’amélioration de la qualité, les gars veulent des produits de qualité. C’est exactement comme pour la drogue … »
Qui utilise l’IGF1 LR3 ? L’IGF1 a un effet dans toutes les disciplines : on prend plus de muscle. Cela ne concerne pas que les sprinters. Pour un marathonien, l’entraînement fragilise les fibres musculaires. L’IGF1 LR3 va favoriser la récupération musculaire. L’athlète pourra donc enchaîner des sorties longues et plus rapprochées.
Victor Conte parle de cures de 40 jours (100 microgrammes par jour). Les cures sont plus longues chez les sprinters. Pierre Sallet détaille : « Les périodes de prises de substances sont entrecoupées de périodes où l’organisme rééquilibre naturellement vers la production endogène (naturelle). Un cycle de 40 jours est suffisant pour profiter des facteurs de croissance et de force. Grâce au produit, il y a une prise de muscles, et ensuite l’entraînement suffit à conserver la structure active. En fait, l’organisme doit être capable de stimuler sa propre production “.
Mais attention, “si la prise de produits est trop longue, il y a risque d’un arrêt de la production d’hormones, ou bien une reprise tardive de la production, ou encore des dysfonctionnements à la reprise de production. Avec des prises sur le long terme, il y a des risques en termes de performances. En même temps, les doses sont assez faibles. Pour qu’il y ait un effet sur la performance en parallèle de l’entraînement, il faut prendre le produit assez longtemps car la prise musculaire prend du temps. Après, une durée de 20 jours ou de 40 jours, c’est l’expertise terrain qui parle ! “.
Les cures provoqueraient un effet d’environ 1 mois, et il faudrait ensuite programmer une nouvelle cure. Pierre Sallet confirme : ” La cure est utilisée pour cibler une compétition. Puis il faut prendre une nouvelle cure pour un nouvel objectif. Car rien n’est figé. La stimulation par l’entraînement fait perdurer l’effet, mais globalement il suit un retour vers la normalité “.
Quels contrôles ? Pas grand-chose… Si l’IGF1 figure bien sur la liste des produits interdits définie par le WADA, aucun test ne permet de la détecter !!! Pierre Sallet explique : ” On ne peut pas la détecter en direct. Le test sur l’hormone de croissance existe, mais pas sur l’IGF1. Car ces substances ont des durées de vie courtes. On donne le test à 12 h ou 24 h, mais avec des micro-doses, on est plutôt sur des durées de 6 h ou moins “. Cela signifie que 50% de la substance a disparu après 6 h !!!
Rappelons pour finir une étude assez édifiante sur l’hormone de croissance publiée en 1990 par le Dr Daniel Rudman. Ce travail portait sur des patients ayant un faible taux plasmatique de IGF-1. Les patients ayant pris part à une thérapie substitutive ont bénéficié d’une augmentation de leur masse maigre, une diminution de leur masse grasse, une augmentation de l’épaisseur cutanée et de la masse osseuse. D’après le Dr Rudman, les patients en question ont bénéficié d’un retour en arrière équivalent à dix ou vingt ans !!!