La course de 200m en athlétisme : analyse technique
La course de 200m – Finale des mondiaux 2011 à Daegu – Analyse technique
Le départ
La difficulté du départ de la course de 200m tient au fait que l’on se trouve dans le virage. Tous les coureurs de 200m vont donc orienter leur starting-blocks de travers pour entrer de manière rectiligne dans le virage.
Le départ de la course de 200m est moins explosif que sur 100m, même si le temps de réaction doit être rapide. Durant cette course, Bolt réalise le plus mauvais temps de réaction (0″193). Certainement, une appréhension liée à son faux-départ lors de la finale du 100 m.. Il réagit habituellement sous 0″140 ! Lemaitre a un temps de réaction à 0″160. C’est ce qu’il réalise à chacune de ses courses.
Le temps total de poussée dans les blocs de Bolt et de Dix, 0″34 et 0″29 respectivement, sont plus courts que celui du Français (0″37). Cela signifie qu’à temps de réaction égal au signal, Lemaitre sort des blocs plus tard que ses rivaux. Mais parmi les finalistes, seuls Bolt et Dix poussent plus fort que lui dans les blocs. Plus on pousse fort, plus on a besoin de temps pour produire cette intensité, c’est logique. Sauf si le sprinter est capable de générer une action motrice à la fois intense et rapide, ce que l’on appelle en pratique la “force-vitesse”. Dans ce domaine, Lemaitre peut encore progresser.
La phase de poussée (jusqu’aux environs des 35m), est volontairement plus modérée sur la course de 200m que sur 100m, dans un souci d’économie puisque l’on cherche à atteindre sa vitesse maximale un peu plus tard. C’est pour cela que les positions après 10m de course ne correspondent que très rarement à l’ordre à l’arrivée. A Daegu, c’est Sorrillo (finalement 7è) qui mène juste devant Ashmeade (finalement 5è) et Bolt. Lemaitre est 5è.
Au bout de 50m de course
Bolt, au couloir 3, a refait son décalage sur Dix, au 4, après seulement 50m de course, et sur Lemaitre, au 6, au bout de 80m.. A la fin du premier 100m, Bolt est chronométré en 9″99. En comparaison, il est légèrement en retard sur les 9″92 de son record du monde (19″19). Dix suit à 1m54, Lemaitre est 4è à 10″26, 2m93 derrière le Jamaïcain.
Courir en virage ralentit en moyenne de 0″25 à 0″30. Il y a une déperdition qui s’explique par la tendance à se laisser embarquer vers l’extérieur de la piste. En réaction, certains athlètes courent avec l’épaule gauche penchée et tiennent au maximum la ligne intérieure, ce qui représente une grosse contrainte au niveau de l’engagement physique et de la concentration. D’autres athlètes restent droit puis se laissent embarquer progressivement vers l’extérieur du couloir au moment de la sortie du virage. Bien qu’ils parcourent légèrement plus de distance, il y a moins de rupture dans la course. Et réglementairement, c’est moins risqué puisque la ligne extérieure du couloir appartient à l’athlète, pas la ligne intérieure. Chaque couloir éloigné de la corde permet de gagner 1 à 2 centièmes en raison du virage moins serré vers l’extérieur.
Le deuxième 100m
Le deuxième 100m doit être couru entre 2 et 4 dixièmes plus vite que le premier. La différence s’explique par l’avantage d’être lancé. Une analyse plus fine révèlerait que la vitesse de pointe est atteinte en réalité entre 90 et 130 m de course. C’est donc autour de la sortie du virage que tous les indicateurs sont à leur maximum. La courbe entraîne généralement une limitation de l’amplitude de la foulée et incite à travailler sur la fréquence et le rythme. M Johnson, dans un style atypique, atteint le jour de ses 19″32 la fréquence de 5 foulées par seconde en sortie de virage.
A 80 m de l’arrivée, le but n’est plus la création de la vitesse mais la conservation de la vitesse acquise. Les réserves d’énergie chimique commencent déjà à baisser et il faut se recentrer sur l’énergie mécanique. La notion d’économie de la course prend tout son sens dans cette portion puisqu’il y a une décélération inévitable. On joue donc beaucoup plus sur l’élasticité musculaire, le rebondissement et l’amplitude.
A 50m de l’arrivée
Aux 150 m, les positions restent inchangées mais les écarts se sont creusés. Bolt s’envole et compte 3m72 d’avance sur Lemaitre, lequel maintient son écart avec Dix. Le Jamaïcain a couvert la 3è portion de 50m en 4″56. Lemaitre en 4″64. La foulée du Français est dans cet intervalle de 2m66, identique à celle de Bolt ! Dix en 2m34.
A ce stade, il est primordial de rester à l’écoute de son rythme de course et de chercher un maximum de relâchement au niveau du haut du corps. La perte de lucidité consécutive à l’arrivée de la fatigue a tendance à casser le rythme et donc à faire subir la course. Les bras continuent alors de donner un rythme élevé. Conserver les alignements et résister à la déformation sont les seules garanties de la réussite de la fin de course.
Les foulées s’allongent sur les 50 derniers mètres : 2m72 pour Bolt et Lemaitre. Le Français finit fort mais ce n’est pas suffisant pour rejoindre Dix. Cette tranche de sa course est néanmoins plus rapide que celle de l’Américain (4″90 contre 4″94). Bolt réalise 4″85.
Le Jamaïcain en 19″40 devance Dix en 19″70. Lemaitre, à 3m88 derrière Bolt, pulvérise son RF de 0″36 et le porte à 19″80, devenant le 15ème meilleur spécialiste de l’histoire sur cette distance.
Athlétisme : la course de 200m | COULOIR4 good articles
J’adore cette course. Mélange de puissance technique résistance lucidité !
Et très esthétique en sortie de virage.
Merci de votre message.
Christophe M