Parole au coach d’expérience
Allez, je vais faire plutôt court aujourd’hui. J’ai relevé quelques extraits d’une interview de Fernand Urtebise, coach émérite et retraité, qui s’est occupé en autres de Stéphane Diagana, Champion du Monde 400m haies en 1997, et qui détient toujours le record d’Europe sur la distance (47″37).
Votre séance d’entraînement fétiche ?
La séance finale pour mesurer sa forme, 10 jours avant une grande compétition : 400m puis 300, 200 et 100, avec respectivement 30, 20 puis 10 minutes de récupération. Le tout sur les bases de 45″. Le révélateur, c’était le 100m : si Stéphane (Diagana) le faisait en 10″50, 10″60, je savais que c’était bon.
Mon commentaire : On peut être étonné par les temps de récupération qui paraissent long. C’est du haut niveau, la séance est réalisée à bloc, il ne faut pas l’oublier. Relevez le dernier temps sur 100m. : Stéphane Diagana ferait, chaque année, la finale du 100m aux Championnats de France élite alors qu’il est coureur de 400m haies.
De quelle manière établissiez-vous la programmation ?
Les athlètes avaient leur programme en main pour les 3 semaines à venir. Je programmais des périodes de repos tous les 2 mois, 6 semaines, puis 4, 3 puis tous les 3 jours. Des repos de 8-10 jours, puis dégressifs. Je leur demandais de ne plus fréquenter les stades, pour se changer l’esprit, revenir heureux à l’entraînement. Aller voir d’autres gens, faire des études… Si on fait du sport pour rester con toute sa vie, ça ne vaut pas le coup. Et avant chaque grand championnat, c’était 10 jours de repos complet. Oui, 10 jours complets, sans rien faire. Ils s’échauffaient juste la veille des séries, après la visite du stade, et c’est tout. Je voulais les éloigner de la compétition, pour jouer sur leur psychisme comme sur celui de leurs adversaires.
Mon commentaire : A mon niveau, j’ai la même approche de la compétition : pas trop de compétition et 4 entraînements maximum par semaine. Le plus important reste les études. D’ailleurs, les meilleurs athlètes que j’ai eu à encadrer et qui ont duré étaient des “touche à tout” (musique, théâtre) et la grande majorité décrochait le bac S avec mention. Leurs caractéristiques : ils ne s’entraînaient guère, 2 à 3 fois par semaine juste et les France au bout.
A quoi ressemblait votre relation avec les athlètes de votre groupe ?
C’était une relation de respect mutuel. On se saluait, on enlevait pour ça son bonnet, ses gants. Ils me vouvoyaient. Mais ça ne les empêcher pas de me vanner, quand ils me voyaient arriver avec mes socquettes dans mes claquettes. Un athlète qui n’était vraiment pas fort n’a envoyé un message un jour pour me dire que, dans le groupe, il s’était senti considéré, contrairement à ailleurs. C’était fort …
Mon commentaire : Les miens ne pourront jamais me vanner sur les chaussures que je porte : toujours des Air Max au pieds 🙂