Quels sont les effets de l’inactivité ou de l’immobilisation (plâtre) sur les qualités de force et de puissance ?
Début mai 2016, j’accompagne un groupe d’athlètes minimes à une compétition. L’un d’entre eux a fini la saison hivernale en 2ème position au bilan français du Pentathlon et est premier au bilan 200m haies. Durant l’épreuve du saut en longueur, il se réceptionne mal et malheureusement se fracture le péroné. Bilan : saison terminée et 45 jours de plâtre.
L’immobilisation plâtrée d’un membre fracturé entraîne toujours des modifications structurales des os et des muscles concernés. Après quelques jours, le plâtre, bien qu’appliqué étroitement au contact du membre lors de sa pose, devient plus lâche, ménageant ainsi un espace entre lui et le membre correspondant. Cet espace s’agrandit au fil des semaines et résulte de l’atrophie (diminution du volume musculaire) des muscles immobilisés.
Cette atrophie musculaire entraîne une fonte de la masse musculaire mais aussi une diminution du contenu en eau qui peuvent contribuer à réduire la force maximale que les fibres musculaires développent. Non sollicités, les muscles ne sont plus stimulés à une fréquence suffisante par leur nerf moteur et le recrutement des fibres musculaires est perturbé. La diminution de force et de la puissance musculaire en réponse au désentraînement s’explique, en partie, par l’incapacité d’activer certains groupes de fibres musculaires.
Si l’arrêt est de courte durée (jusqu’à 3 semaines), la répartition des fibres lentes et rapides ne va pas changer.
Si l’arrêt se prolonge (2 à 3 mois et +), on observera, chez des athlètes spécialisés en vitesse ou force, une augmentation du pourcentage des fibres lentes.
Chez les athlètes habitués aux efforts d’endurance, on observera une augmentation du pourcentage des fibres FTb (fibres rapides et fatigables avec surtout un métabolisme anaérobique) et une diminution des fibres FTa (fibres rapides et résistantes à la fatigue fonctionnant soit sur le mode aérobie soit sur le mode anaérobie). Globalement tout se passe comme si le désentraînement provoquait une remise à zéro des adaptations spécifiques à l’effort.
Concernant la taille des muscles, chez les athlètes à dominante force/vitesse nous aurons une diminution de la taille des fibres, mais peu de changements chez les sportifs plutôt endurants.
Mais attention, la vitesse et l’amplitude du déclin varient considérablement selon :
- le niveau initial d’entraînement,
Chez des sportifs de très haut niveau, la perte de force survient quelques semaines après l’arrêt de l’entraînement intense. Alors que chez des sujets initialement non entraînés, les gains de force enregistrés avant l’arrêt de l’entraînement, peuvent perdurer plusieurs semaines voire plusieurs mois.
C’est ce que montre une expérience réalisée chez des sujets jeunes (de 20 à 30 ans) et des sujets âgés (de 65 à 75 ans) des deux sexes.
Après 9 semaines d’entraînement de force, le gain de force chez les sujets jeunes est en moyenne de 34%. Il est de 28% chez les sujets âgés. Après 12 semaines de désentraînement, il n’y a eu aucune perte de force que ce soit chez les sujets jeunes ou les sujets âgés. Après 31 semaines de désentraînement, la diminution de force enregistrée n’est que de 8% chez les plus jeunes et 13% chez les plus âgés.
- et la durée de l’arrêt,
Ces notions sont essentielles dans le cas de blessures. Dans les premiers jours de récupération, le sportif doit si possible consacrer un minimum de temps à faire travailler le membre blessé, même à un niveau faible d’exercice. Les simples contractions isométriques sont alors très conseillées, car leur intensité peut être contrôlée et elles ne sollicitent pas les articulations.
On doit aussi proposer à l’athlète des activités alternatives, ayant peu de contraintes sur la région lésée. L’aqua-jogging, la natation, le vélo sont autant d’activités qui permettent un maintien du niveau de forme.
Il est évident que tout programme de rééducation doit être établi en collaboration avec le médecin responsable des soins.