Répartition des efforts sur un 800m et conséquences pour l’entraînement ?
Article qui repose sur une étude menée par Bruno Gajer, désormais ex-entraîneur de Pierre Ambroise Bosse (1’42″53 sur 800m RF). Quelle est la répartition des efforts sur un 800m et quelles sont les conséquences pour l’entraînement ?
Au cours de plusieurs courses de 800m regroupant tous les niveaux, l’auteur et son équipe ont mesuré les temps de passage à chaque 100m. Le temps sur 800m du meilleur coureur se situant à 1’42″50 et le moins bon à 1’54″50.
Comparaison entre les deux “400m” de la course
1’43 | 1’45 | 1’46 | 1’48 | 1’50 | 1’52 | |
1er tour | 52″648 | 51″72 | 52″11 | 52″648 | 54″25 | 55″52 |
2ème tour | 55″55 | 53″73 | 54″75 | 55″55 | 55″902 | 57″35 |
Sans surprise, tous les coureurs qui, au cours des 800m étudiés, ont réalisé une performance proche de leur record personnel, n’ont pu courir un deuxième tour plus rapide que le premier. L’écart moyen entre le premier et le second tour se situant entre 1″7 et 2″9.
Comparaison entre les quatre “200m” de la course
1er 200m | 2ème 200m | 3ème 200m | 4ème 200m | |
1’43 | 24″381 | 26″223 | 26″393 | 26″58 |
1’45 | 24″985 | 26″74 | 26″814 | 26″918 |
1’46 | 25″148 | 26″965 | 27″399 | 27″356 |
1’48 | 25″327 | 27″321 | 27″408 | 28″142 |
1’50 | 26″57 | 27″684 | 27″851 | 28″073 |
1’52 | 27″176 | 28″351 | 28″398 | 28″961 |
Les 200 premiers mètres sont courus à allure rapide, perte de temps sur les 3 fois 200m suivants mais ils sont courus à une allure régulière.
Comparaison entre les huit “100m” de la course
1er | 2è | 3è | 4è | 5è | 6è | 7è | 8è | |
1’43 | 12″623 | 11″758 | 13″012 | 13″212 | 13″378 | 13″015 | 13″10 | 13″48 |
1’45 | 12″852 | 12″133 | 13″39 | 13″35 | 13″475 | 13″339 | 13″388 | 13″53 |
1’46 | 12″903 | 12″245 | 13″361 | 13″604 | 13″783 | 13″616 | 13″551 | 13″85 |
1’48 | 12″96 | 12″368 | 13″628 | 13″693 | 13″84 | 13″569 | 13″673 | 14″469 |
1’50 | 13″594 | 12″976 | 13″746 | 13″937 | 14″016 | 13″834 | 13″742 | 14″331 |
1’52 | 13″831 | 13″344 | 13″984 | 14″367 | 14″376 | 14″022 | 14″025 | 14″936 |
L’analyse 100m par 100m montre que la vitesse, au cours du 800m, n’est pas régulière. Des variations différentes selon les groupes et selon les courses sont mises en évidence. Ces résultats rappellent donc que le 800m est couru en peloton et que le coureur doit pouvoir adapter sa vitesse en fonction des aléas de la course. Contrairement aux autres épreuves de demi fond, le dernier 100m est le moins rapide de la course.
CONCLUSION
Le 800m peut être considéré comme une course située à la frontière du demi fond et du sprint prolongé.
Comme au 400m, le 800m cumule deux moitiés chronométriquement déséquilibrées. Néanmoins, comme nous l’avons vu, ce décalage est dû essentiellement au premier 200m très rapide à la suite duquel la vitesse se stabilise pendant 600m.
Au cours de ce plateau, “le 800m” devient une course de demi fond au cours de laquelle les facteurs d’économie et de stratégie entrent en jeu. L’aptitude à se placer dans le peloton et à gérer de légères variations d’allure devient importante.
Par ailleurs, comme sur 400m, la vitesse décroît brutalement dans le dernier 100m, alors que les autres courses de demi fond se terminent en accélération.
CONSÉQUENCES POUR L’ENTRAÎNEMENT
1- Le premier 200m étant couru plus vite et, ce de manière incontournable au moins pour des raisons stratégiques, il importe de se préparer à le parcourir vite avec une foulée adaptée afin de minimiser la dépense énergétique.
2- Il faut développer la capacité à courir très vite sur 200m voir 300m pour ensuite être capable de courir à une vitesse sensiblement moins élevée avec une technique de course économiquement adaptée. En ce sens, travailler la vitesse, la puissance et capacité anaérobie lactique et la force.
3- Les 600m suivants courus à allure quasiment constante, font appel à un travail de développement des capacités physiologiques encadrant cette vitesse spécifique (filière anaérobie lactique). Il faut également courir fréquemment à cette allure spécifique afin d’y développer des adaptations techniques favorisant l’économie de course.
4- Le dernier 100m nécessite une résistance à l’apparition brutale de la fatigue. On recherchera dans l’entraînement des formes de travail permettant de limiter la perte de vitesse (endurance de force, endurance psychologique).